La consultation sur les programmes de français

La synthèse nationale

Les enseignants ont été consultés selon des modalités très diverses : réponses individuelles, conseils d’établissement ou réunions de bassin, animés ou non par un Inspecteur d’académie – Inspecteur pédagogique régional (IA-IPR). Il en résulte des réponses hétérogènes. L’opportunité de cette consultation n’est pas remise en cause mais on en critique les conditions. Les enseignants souhaitent que le recueil de leurs avis ait lieu avant la publication des programmes et que les renouvellements de ceux-ci soient plus espacés.

Cette consultation a avant tout permis de mettre en lumière des erreurs ou les divergences d’interprétation des textes et un besoin massif d’explications et de formation. Les réponses traduisent des inquiétudes, non sur les contenus qui satisfont la majorité, mais sur leur mise en œuvre.

Les programmes

Les nouveaux programmes des classes de seconde et de première sont jugés globalement positifs, intéressants et attractifs. Les enseignants apprécient la cohérence donnée aux enseignements, entre le collège et le lycée et au sein du lycée, les perspectives d’étude, la répartition des objets d’étude selon les séries, le décloisonnement, la variété des contenus et des activités proposées. Le retour de l’histoire littéraire et l’exigence littéraire du programme sont vus comme des points positifs tout comme la liberté de choix des œuvres et des textes ou la place donnée à la lecture cursive, bien que la lecture de six œuvres intégrales par an semble pour certains irréaliste. Les aménagements du programme de seconde sont approuvés. En revanche, le programme de première apparaît lourd mais ambitieux, surtout en séries technologiques.

Beaucoup regrettent le choix d’une chronologie inversée entre la seconde et la première pour l’histoire littéraire et redoutent le morcellement des connaissances induit par l’organisation de séquences de 14 heures. On craint un éparpillement et de nombreux enseignants perçoivent cette organisation comme un carcan ou la confondent avec la notion d’objet d’étude. On regrette également un certain flou dans la terminologie, notamment à propos de la notion de registre.

En première, les objets d’étude rencontrent l’assentiment des enseignants à l’exception de " Ecrire, publier, lire au passé " fréquemment décrit comme trop ardu pour des lycéens. Pour beaucoup, la question des réécritures ne doit pas constituer un objet d’étude autonome mais être mis en rapport avec les autres : il pourrait ainsi être traité dans les séries technologiques. On peut aussi noter le souhait que des œuvres romanesques et du théâtre soient étudiés en première.

L’écriture d’invention ne laisse personne indifférent : on est pour ou contre. De nombreuses questions portent sur sa nature, sur sa place à côté des exercices favorisant la réflexion et sur son évaluation.

Les actions d’accompagnement

Avant de s’interroger sur le contenu du document d’accompagnement de seconde, les enseignants protestent contre le manque de diffusion. La diffusion sur Internet est souvent inconnue, jugée trop tardive et son utilisation lourde (long téléchargement, photocopies). Les enseignants réclament une distribution papier ainsi que la diffusion d’un exemplaire par lycée des documents d’accompagnement des programmes du collège.

Ce document d’accompagnement de seconde est généralement cependant jugé utile, riche, cohérent, lisible mais on lui reproche une approche trop théorique : les professeurs souhaitent des exemples de séquences et de progression annuelle, des listes d’œuvres et de textes, une terminologie pour l’étude des textes et des œuvres (un métalangage minimal), une explicitation sur l’écriture d’invention (et des exemples de mise en œuvre), une bibliographie théorique pour les enseignants. Ils demandent également que ces exemples et informations soient déclinés selon les séries.

Il ressort des synthèses académiques une demande massive de formation didactique et pédagogique : réactualisation de connaissances (linguistique et critique littéraire, rhétorique et argumentation, genres et registres), pratique de l’écriture d’invention et de l’oral, construction de séquences, gestion de l’hétérogénéité des classes mais aussi formation à la future épreuve anticipée du baccalauréat.

L’évaluation

L’évaluation, en classe, de la lecture cursive, de l’écriture d’invention et de l’oral suscite des questions de la part des enseignants, comme sa place au sein de la séquence. Mais c’est surtout l’évaluation terminale (l’épreuve anticipée de français) qui cristallise les attentes, les inquiétudes et donne lieu à des positions tranchées.

Le enseignant demandent une information rapide sur les futures épreuves et la publication d’annales " zéro ". Dans certains cas, c’est même le report des nouvelles épreuves à la session 2003 qui est envisagé. Rares sont ceux pour qui cette épreuve doit demeurer inchangée : de nouveaux programmes induisent de nouvelles épreuves. En revanche, tous veulent conserver une épreuve écrite et une épreuve orale et souhaitent que les épreuves portent sur les contenus du programme (de première pour la majorité, de seconde et de première pour une minorité).

En ce qui concerne l’écrit, il y a unanimité pour conserver trois sujets au choix, revoir la définition du premier sujet mais garder la dissertation et le commentaire, diversifier les sujets selon les séries. Une tendance se dessine pour que l’élève travaille à partir d’un corpus de textes (littéraires ou non) auquel on souhaite voir s’ajouter un document iconographique. Les enseignants souhaitent des questions transversales d’évaluation des compétences de lecture et d’interprétation avant l’exercice d’écriture sans préciser si ces questions doivent être communes au trois sujets. Pour les exercices d’écriture, les professeurs soutiennent le maintien de la dissertation sur un objet littéraire (surtout en série L) et du commentaire (littéraire plutôt que composé proposent certains). Certains craignent que des questions préparatoires interdisent la production d’écriture longue et condamnent à terme la dissertation. L’introduction de l’écriture d’invention est discutée : elle est approuvée majoritairement, avec des demandes de précisions sur son évaluation.

En ce qui concerne l’oral, si l’épreuve actuelle est très critiquée (elle favorise la mémorisation passive et le psittacisme), il y a unanimité pour conserver une interrogation et un entretien. Beaucoup proposent la suppression de l’interrogation sur liste et que les questions portent sur un texte non étudié par le candidat mais cependant en rapport avec le programme. Cette hypothèse nécessiterait un allongement de la durée de préparation. Pour les séries technologiques, les professeurs redoutent un texte inconnu pour leurs élèves L’entretien pourrait se faire à partir d’un document récapitulant le travail de l’année, que les examinateurs devront connaître à l’avance. Il y a une forte demande d’une grille d’évaluation nationale et critériée. De nombreux enseignants demandent que les élèves bénéficient d’un dictionnaire pour l’oral et des textes des œuvres pour la dissertation.

© Ministère de l'Education Nationale/Direction de l'Enseignement Scolaire - mars 2001